Les hivers étaient très froid, il n’y avait pas de réchauffement climatique pour l’adoucir, ni de chauffage central dans les habitations, les pieds gelés, les mains engourdies donnaient du sens à l’existence et l’haleine blanche qui sortait de nos bouches aux lèvres gercées une source de jeu passionnant.
Pas de salle de bain, de l’eau qu’il fallait sortir du puits et faire chauffer pour la toilette, pas de wc à l’intérieur, ni de chaîne de TV en continu, ni téléphone, ni équipement ménager électrique, et encore moins de loisirs à profusion, nous pouvions compter que sur notre imaginaire et c’était génial.
Il fallait vraiment éplucher les légumes après les avoir fait pousser dans le potager, pour les cuisiner.
Les grands-parents avaient quelque chose de secret dans leurs yeux qu’ils trahissaient parfois d’une manière lapidaire par un mot à la fin d’une expression : guerre. Nous ne pouvions pas comprendre et ils en avaient subi deux.
Nos parents ont reconstruit, fait du mieux qu’ils pouvaient avec les moyens qu’ils avaient. Nous avons repris le flambeau avec le même objectif et toujours la détermination de faire mieux, de perfectionner les conditions de notre société. Nos enfants sont devenus parents et nous ont relégué au statut de grands-parents qui pouvons apprécier le génie en herbe de cette nouvelle génération plein de promesse.
Mais notre société est malade, elle a du mal à trouver un sens, un consensus, c’est devenu très difficile de transformer notre cadre de vie. L’être humain est dans une attente, celle d’une société qui doit tout lui apporter ou la technologie doit tout régler, la moindre difficulté doit être supprimée, le moindre effort éliminé…
Hors la vie c’est tout le contraire, l’effort, l’adversité qu’il faut terrasser, la meilleure connaissance de soi, l’exploration du champ de notre conscience, le développement des facultés humaines, le défi, le dépassement…La condition humaine dans toute sa splendeur c’est le sens de nos existences.
